Retour
Sylvain Cossette met ses pantoufles
Sur les plages de Cuba, entouré d'une pile de livres, Sylvain Cossette
savourait la semaine dernière ses premières vacances en trois ans. Son dernier concert de la tournée Humain, album paru en
1999, il l'a donné le 1er septembre dernier. Entre temps, il a aussi fait le tour du Québec dans la peau de Gringoire, le
poète à la voix musclée de Notre-Dame de Paris.
Sa pause fut de courte durée. Une semaine de congé et le voilà qui
remet la machine en marche en lançant, mercredi, un album où il revisite des chansons de Brel, Claude Dubois, Bécaud, Harmonium,
les Beatles et aussi trois de ses propres hits: Tu reviendras, Rendez-vous et Demain et le lendemain. Le tout en version feutrée,
couleur cabaret, quasi acoustique, avec violon, violoncelle et contrebasse. Un peu comme si Sylvain Cossette chantait en pantoufles,
dans son salon. "Je ne voulais pas chanter très bas et me mettre à crier au milieu d'une chanson, souligne-t-il. Je voulais
faire un disque relaxant que les gens peuvent écouter à l'heure du déjeuner."
Rendez-vous, c'est le titre de l'album
en question, est un disque-cadeau. Un présent que le chanteur s'offre à lui-même. "C'est un trip personnel, avoue-t-il, attablé
dans un café de la rue Peel. Je l'ai fait pour moi. Les chansons qui sont sur le disque ont toujours fait partie de ma vie."
Son plaisir n'est cependant pas seulement égoïste. Ses fans lui demandent depuis des années s'il va un jour enregistrer les
chansons de Queen ou Murray Head, par exemple, qu'il introduit régulièrement dans ses spectacles.
En signe de partage,
Rendez-vous s'ouvre sur Pas besoin de frapper (Jacques Michel) que Sylvain Cossette offre ici en version écourtée. "Une mélodie
accrocheuse qui met le sourire aux lèvres et rend de bonne humeur. Cette chanson est d'une telle générosité qu'on ne peut
que la recevoir", dit le chanteur. Love Me Please Love Me de Polnareff, c'est un simple "clin d'oeil" kitsch. The Long And
Winding Road, c'est sa chanson préférée des Beatles. "Je voulais la faire, un jour, sans prétention", dit-il. Love of My Life,
c'est une sorte d'hommage à Queen, un groupe qu'il adore. "J'aime le côté théâtral de Queen, explique-t-il. Il faut dire que
j'ai le même registre que Freddie Mercury, je me sens très proche de sa façon de chanter. Et j'ai toujours intégré une chanson
de ce groupe britannique dans mes spectacles." Sylvain Cossette ne pouvait s'imaginer déroger à cette règle au moment d'enregistrer
Rendez-vous, qui est presque un album live en studio. .
Ses versions parfois plus pop de grands classiques ne feront
pas le bonheur de tous, Sylvain Cossette en est conscient. Mais il croit tout de même que rien n'est sacré. "Tout peut être
réinventé. Il y a toutes sortes de façons de faire vivre une chanson. Les Beatles, ça appartient à tout le monde. Brel aussi.
Je me permets de chanter ces chansons-là parce que j'ai le goût et parce que j'ai le droit. Ceux qui ne veulent entendre La
Quête que dans la version de Brel, ils n'ont qu'à écouter la sienne", lance-t-il, sans aucune animosité.
Ce chaleureux
Rendez-vous acoustique laissera-t-il des traces sur ses prochaines compositions? "Je ne sais pas, avoue-t-il. Je ne sais jamais
à l'avance ce que je vais faire, je n'ai pas de plan." Pour le moment, Sylvain Cossette a le goût de continuer à "tripper
en gang". Il prévoit repartir en tournée unplugged avec violoncelle, piano, guitares, contrebasse. Et son nouvel album de
chansons originales dans tout ça? Pas avant un an. Peut-être même en 2003.
|