Londres
Une semaine pour
apprendre
Pour des raisons qui restent encore obscures, l'artiste anglais Alexis James,
qui devait être la doublure de Bruno Pelletier dans le rôle de Gringoire, n'était pas à la hauteur de cet important rôle.
On a ainsi rappelé Sylvain Cossette pour qu'il prenne la relève.
"Ce n'était pas prévu du tout", raconte Sylvain Cossette.
"Disons qu'on a appuyé sur le bouton de panique et que j'ai dû partir pour Londres très vite. On m'a appelé le 11 mai, j'ai
pris l'avion le lendemain, et le 13 j'étais à Londres! J'imaginais qu'on allait m'appeler à un moment pour des remplacements,
mais il n'était pas question que j'y aille avant au moins six mois, et rien n'était moins sûr."
Lui qui a déjà joué
180 fois dans la comédie musicale était ravi d'avoir l'occasion de jouer en anglais. "Je ne pouvais pas refuser ça", lance-t-il.
"Ça me donnait encore une occasion de me dépasser. En plus, je chantais en anglais quand j'ai commencé ma carrière. Le problème",
ajoute-t-il en riant, "c'est que je ne m'attendais tellement pas à une histoire pareille que je n'étais pas du tout familier
avec la version anglaise de Notre-Dame. J'avais bien lu le livret avec les paroles de Jennings, comme tout le monde, mais
j'étais bien loin de les savoir par coeur!"
Quelques heures avant de prendre l'avion, il a enregistré sa voix sur
une version instrumentale de la comédie musicale qu'il avait à la maison, puis il est parti avec cet enregistrement. "Je l'ai
écouté dans l'avion et j'ai commencé à apprendre les paroles. Arrivé à Londres, j'ai eu quelques jours pour terminer mon apprentissage.
Je marchais dans les rues et j'écoutais le disque. Je me disais qu'il y avait beaucoup de textes à apprendre, mais que j'y
arriverais! Il a tout de même fallu que je déprogramme dans ma tête ce que je savais des chansons. La veille de mon premier
spectacle, je me sentais prêt. Bruno Pelletier m'a même dit: "Je ne sais pas comment t'as fait pour assimiler ça en une semaine!"
Je me le demandais aussi", avoue-t-il, amusé par l'exploit.
Lorsqu'il a mis les pieds sur la scène du Dominion Theatre
pour la première fois, il n'avait pas vraiment le trac. "J'étais prêt. J'avais un peu peur que ma voix ne tremble en commençant,
mais tout s'est bien passé. Toute l'équipe était contente et, pour moi, c'est ce qui compte. Je ne suis pas nerveux de nature
et ça m'a sauvé."
Londres en famille
Sylvain Cossette à passé tout l'été à Londres, mais avec quelques allers-retours
vers Montréal afin de respecter ses engagements.
"En juillet, j'étais seul à Londres et j'ai trouvé ça difficile.
J'étais installé dans un appartement près du Big Ben, là où sont les autres interprètes. Mais je tenais à ce que toute ma
petite famille soit là au mois d'août, sinon, mes deux filles, Elizabeth et Judith, m'aurait trop me manquer!"
Sylvain
Cossette en était à son premier voyage à Londres quand il a été appelé en catastrophe. "Tout un baptême! Mais je voulais voir
Londres depuis très longtemps. C'est là que j'ai toujours puisé mon inspiration musicale. J'ai grandi avec les Beatles, Queen,
et les autres. J'ai trouvé Londres moins dépaysant que Paris. Pas mal moins pollué aussi. Je trouve que cette ville est plus
proche de nous, que ça nous ressemble plus. J'aime bien ses grands espaces verts et la gentillesse de ses citadins. Mais j'ai
intérêt à me familiariser avec leur accent", dit-il.
Il était là lorsque les critiques londoniennes ont laissé tombé
leur verdict après la première de Notre-Dame. "Tout le monde s'attendait à être critiqué, surtout quand on connaît la critique
à Londres. Mais personne ne s'attendait à être attaqué aussi sauvagement. Ça frôle l'incident diplomatique. Chez nous, la
seule place où l'on pourrait lire des affaires pareilles, ce serait dans Allô Police! C'est pas possible. Dans ce cas-ci,
je n'ai pas été personnellement attaqué, mais je l'ai déjà été ailleurs, et je sais exactement ce qu'on ressent en lisant
des papiers comme ceux-là. Dur, dur... Mais on va tous continuer. Et l'équipe de relève est prête pour l'automne!"
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